Ce que l'on nous fait manger…

11 décembre 2025
couverts

Une série d’articles publiée le mois dernier dans la revue The Lancet sur les aliments ultra-transformés propose une synthèse scientifique d’une ampleur inédite sur la place grandissante des aliments ultratransformés (AUT) dans les régimes alimentaires (les plats préparés et le prêt à consommer) et dresse un tableau préoccupant de ses effets sanitaires.

En examinant plus d’une centaine d’études, les auteurs concluent que la consommation élevée d’aliments ultra-transformés est régulièrement associée à un risque accru de maladies chroniques : obésité, diabète, pathologies cardiovasculaires, troubles métaboliques et même certains troubles psychiques. Ces résultats dépassent largement la simple question nutritionnelle. Selon les experts, les procédés industriels — additifs, émulsifiants, ultra-raffinage, structure modifiée — pourraient perturber la satiété, le microbiote ou encore l’inflammation, ouvrant la voie à des mécanismes biologiques qui expliqueraient l’ampleur des effets observés.

L’étude met aussi en avant la dimension politique du problème. Pour les auteurs, la responsabilité ne peut pas reposer uniquement sur les choix individuels : l’essor des aliments ultra-transformés résulte d’un système alimentaire dominé par de grands groupes industriels qui privilégient des produits à forte rentabilité, longue conservation et marketing intensif. Aussi, ils appellent à une régulation renforcée, allant de l’étiquetage clair du degré de transformation à des restrictions de publicité, en passant par une limitation des AUT dans les écoles et hôpitaux.

Pour l’Afoc, ces mesures visent à offrir un cadre plus protecteur, notamment pour les populations les plus exposées, souvent les moins favorisées économiquement.

La publication ne fait toutefois pas consensus. Certains experts rappellent que les données disponibles sont majoritairement observationnelles, et ne permettent donc pas d’établir une causalité formelle. D’autres soulignent que tous les aliments ultra-transformés ne présentent pas le même niveau de risque, et que la classification reste imparfaite.

En toute hypothèse, pour l'Afoc, cette étude appelle à repenser en profondeur la place des aliments ultra-transformés dans notre système alimentaire : les limiter n’est plus seulement une recommandation nutritionnelle : c’est un chantier collectif qui doit définir les politiques alimentaires des prochaines années.