La face obscure des salles de sport

01 octobre 2025
Altères

Le secteur des salles de sport et de remise en forme connaît une croissance exponentielle, portée par un intérêt grandissant pour le bien-être et la santé. Cependant, derrière les apparences d'un marché florissant se cache une réalité moins reluisante, comme le révèle une enquête de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) révélée le mois dernier. Avec plus de 70 % des établissements contrôlés présentant au moins une anomalie, le bilan est préoccupant et souligne un manque de rigueur généralisé qui peut coûter cher aux consommateurs.

Menée entre 2022 et 2023 auprès de 571 salles de sport sur l'ensemble du territoire, l'enquête de la DGCCRF met en lumière des manquements fréquents et variés, allant de simples défauts d'information à des pratiques commerciales trompeuses. Ce constat sévère, qui n'est pas nouveau, semble s'être accentué avec l'essor des salles low-cost et la pression économique post-pandémie.

 

Une information précontractuelle souvent défaillante

L'un des principaux points noirs reste l'information du consommateur avant la souscription d'un abonnement. Près de quatre anomalies sur dix (39 %) concernent des défauts d'information sur les prix et les conditions générales de vente (CGV). Les enquêteurs ont relevé de nombreux cas d'affichage des tarifs inexistant ou incomplet, que ce soit à l'accueil des salles ou sur leurs sites internet.

Cette opacité empêche les consommateurs de comparer sereinement les offres et de s'engager en toute connaissance de cause. Les CGV, document essentiel qui régit la relation entre le client et la salle, ne sont souvent pas communiquées avant la signature du contrat, privant l'adhérent d'informations cruciales sur la durée d'engagement, les conditions de résiliation ou encore les modalités de modification du contrat.

 

Des contrats truffés de clauses abusives

Les contrats d'abonnement eux-mêmes sont une source majeure d'irrégularités. Près d'un quart des anomalies (24 %) sont liées à la présence de clauses abusives ou illicites. Ces clauses, qui créent un déséquilibre significatif entre les droits et les obligations des deux parties au détriment du consommateur, sont pourtant interdites.

Parmi les clauses les plus fréquemment épinglées, on retrouve :

  •  La limitation de la responsabilité du professionnel en cas d'accident ou de vol.
  •  La modification unilatérale du contrat, permettant à la salle de changer les horaires, les cours ou même les tarifs sans l'accord préalable du client.
  •  Des conditions de résiliation excessivement restrictives, qui rendent difficile, voire impossible, la rupture du contrat même en cas de motif légitime (déménagement, problème de santé, etc.).
  •  L'imposition de frais disproportionnés en cas de manquement au règlement intérieur.

Ces pratiques enferment les consommateurs dans des engagements dont il est difficile de se défaire et les privent de leurs droits fondamentaux.

 

Pratiques commerciales trompeuses et démarchage agressif

Au-delà des aspects contractuels, la DGCCRF a également identifié des pratiques commerciales trompeuses (12 % des anomalies). Celles-ci visent à attirer le client par des promesses qui ne sont pas toujours tenues. L'exemple typique est l'offre "sans engagement" qui, en réalité, impose un préavis de plusieurs mois pour pouvoir résilier.

Le démarchage téléphonique est également pointé du doigt, la majorité des professionnels ignorant les règles de base, notamment l'obligation d'informer le consommateur de son droit de s'inscrire sur la liste d'opposition Bloctel.

Enfin, un manquement simple mais fréquent concerne la remise d'une note ou d'une facture. Pour toute prestation de service supérieure à 25 euros, la délivrance d'une note est obligatoire. Or, de nombreux établissements omettent cette obligation, ce qui complique les démarches du consommateur en cas de litige.

Face à ce bilan alarmant, la DGCCRF a multiplié les actions, allant des avertissements pédagogiques aux procès-verbaux administratifs ou pénaux pour les manquements les plus graves. L'Afoc conseille aux consommateurs de rester extrêmement vigilants avant de souscrire un abonnement : comparez les offres, lisez attentivement l'intégralité du contrat et des conditions générales de vente, et n'hésitez pas à signaler toute pratique suspecte sur la plateforme SignalConso. La vigilance reste la meilleure arme pour profiter sereinement de sa séance de sport.